Combien d’entre nous passe plus de deux heures quotidiennes sur les réseaux sociaux ?
Ils développent leur propre vocabulaire et inventent de nouveaux termes pour chaque usage qu’ils permettent.Nous savons tous qu’aujourd’hui, les réseaux sociaux sont omniprésents et ont une part majeure dans notre quotidien.Ils sont là lorsque l’on va au restaurant, et qu’on fait une story de notre plat, ou lorsque l’on sort avec des amis et qu’on poste une photo avec eux…Cela démontre donc un constant besoin de capter l’attention.Et si nous allions voir le commencement de ce besoin !Tout débute avec l’industrialisation : la société change, la consommation augmente et les moyens aussi.Cette industrialisation a donc conduit à notre société de surconsommation actuelle.Nous allons voir les résultats de cette dernière en commençant avec les mécanismes psychologiques de l’individu puis comment internet peut devenir une nouvelle agora.
Dans cette première partie nous allons nous pencher sur l’aspect comportementale et sociologique, et les impacts causés par les médias, les réseaux sociaux et les formats courts.Pour cela nous avons commencé à nous interroger sur la philosophie actuelle qu’a notre société. Une étude nous est apparue.Cette étude a été réalisée sur le comportement américain par Christopher LASCH en 1979 et est nommée ‘’La culture du narcissisme’’. Cet exercice lui a permis d’observer et d’en conclure plusieurs choses.Cette génération d’actualité possédait une toute nouvelle façon de penser, celle de la culture de l’instant. Une culture nous mettant en avant dans nos priorités où l’on cherche à apprécier de l’instant T plutôt que de se soucier de l’avenir et des conséquences. Où la transmission du savoir n’est plus au centre des partages.
Ce changement serait la réponse de défense face à la modernisation de la société. Se plier à cette culture facilitant cette confrontation. Nos vies sont donc désormais régies par notre image et non plus nos actes. Les stars accentuant ce phénomène depuis des années en ayant l’obligation de soigner et d’entretenir leur image, devenue ce qui nous définit.
On retrouve une idée similaire chez Alexandra LECART avec La banalité du mal, en 2019.
Ce « narcissisme » dont elle parle est encouragé désormais dans notre société et ce depuis notre plus jeune âge. Des phrases telle que « Il faut être le premier », « Avoir la meilleure note », « Être le plus fort » nous sont dites tout au long de notre vie. On encourage ainsi l’individualisme, La loi du plus fort, nous nous centrons davantage sur nous-mêmes. On récompense également les beaux parleurs, ceux qui savent se présenter et se vendre nous valorisant ainsi en fonction de nos aptitudes sociales. Le narcissique qu’elle dépeint est souvent dénué d’empathie et ne se soucie des conséquences. Cela résulterait ou aurait des conséquences, selon elle, sur l’émotion qui commence de plus en plus à prendre d’importance que la réflexion, nous conduisons ainsi à cette société de zapping. Maintenant, tout est à notre disposition, nous habituant à toujours vouloir tout plus vite, nous dénuant de patience et nous faisant consommer mécaniquement.
Consommation fortement impactée par l’arrivée des réseaux sociaux dans nos vies quotidiennes. Ces médias qui nous mettent au centre du système, nous confortant dans notre individualisme, affirment la déclaration de Yves MICHAUD disant “ le narcisse de notre temps est tout sauf fermé sur lui-même et sur son désir, il veut au contraire qu’on l’admire et qu’on l’aime, et ne peut se passer du désir d’autrui”. Les réseaux sociaux nous ont permis de nous mettre en avant en permanence, mais aussi d’exister à la vue des autres et d’obtenir leurs reconnaissances selon Soraya MEHDIZADEH, psychologue. Pour elle plus on poste sur nous-mêmes plus notre besoin d’attention et de reconnaissance est grand. C’est un besoin jugé inconscient par Pierre BOURDIEU. Un besoin de montrer ce que nous possédons socialement, cela peut être représenté par une image ou une vidéo de nous en compagnie d’autres, culturellement en nous montrons une activité liée à la culture ( films; livres; musées…), et économiquement avec un voyage ou une soirée dans un restaurant. Cette attitude si égocentrique est tellement devenue la norme que sur les réseaux sociaux qu’elle ne dérange plus. En revanche, si nous ne parlions dans la vraie comme nous le faisions sur les réseaux sociaux, alors, nous serions considérés égocentriques. En parlant de normes, d’autres rentrent en compte.
En effet, on poste en fonction de ce qui plaît à la majorité, ce qui va susciter le plus de Likes. Ces nombres et ces chiffres qui sont devenus comme une valeur sociale nous plaçant ainsi dans des catégories classées. Certains sont mêmes prêts à biaiser le contenu dans le but de perfectionner cet instant, le rendre toujours plus beau. Cette vérité biaisée est pour Xavier DEGRAUX un moyen de changer la perception de la réalité pour les auditeurs. On observe alors des changements dans les personnalités des utilisateurs. Sur Internet nous pouvons devenir un autre, une version améliorée pour Patricia WALLACE. Nous avons en effet plus de contrôle sur notre image que dans la vraie vie, changeant ainsi donc notre personnalité formalisée pour les réseaux sociaux. Ces changements peuvent plus présents et plus importants chez les jeunes en particulier. Puisqu’ils rentrent dans cette phase de leur vie où ils découvrent leur capacité à penser et à s’émanciper, ils sont à la recherche d’eux mêmes et subissent une crise identitaire, “ un état d’autosuffisance cognitive, d’indépendance émotionnelle et de l’auto contrôle comportementale “ Arnett et Taber, 1994. Depuis peu, nous avons pu voir de grands changements sur les mentalités dans notre société. La place de la femme, définition de la famille et bien d’autres nous ont fait nos perdre les schémas qui étaient encore classiques, où l’enfant avec comme parents ses référents dans la vie. Il leur faut donc de nouveaux modèles. Pendant longtemps ce fut les stars de cinéma, musique … mais on les voyait que pendant certaines apparitions ou dans leur profession, mais leur vie privée le restait encore. Elles influençaient donc plus sur le style vestimentaire. Avec l’arrivée des réseaux sociaux sont apparues les influenceurs. Des personnes qui ont décidés de vivre en vendant du beau. Dépendant de leur communauté pour exister, ils se doivent d’être le plus présent pour eux en leur partageant « leur vie », très souvent biaisée et améliorée, quitte à se forcer à créer du contenu de vie pour impressionner et captiver l’attention. Les personnes suivant ces influenceurs observent désormais une vision du quotidien qui est fausse et en font une réalité voulant ainsi s’approprier une personne qu’elle apprécie et qui pour son avis a beaucoup d’importances.
Les réseaux sociaux apparaissent comme une nouvelle agora.En effet, il permet de rassembler les populations en un seul et même lieu et de laisser libre court à l’expression.Cette expression se fait de différentes façons.Premièrement, les réseaux sociaux permettent de se faire entendre : donnent une voix, une force et une visibilité.Nous pouvons prendre l’exemple des Ouïgours.Beaucoup de personnes savaient ce qu’il se passaient en Chine et peu en ont parlé avant que le sujet ne perce sur les réseaux sociaux et ne devienne viral.Cela a permis de condamner des marques qui faisaient travailler de force cette population.Cette histoire montre donc la force des réseaux sociaux et du partage.De plus, les réseaux sociaux permettent une démystification du corps parfait.Cela se voit par exemple au travers d’une trend du actuelle où la personne qui la réalise doit prendre une photo mensongère, où elle pose et affiche un ‘’corps parfait’’.Cette photo est démentie juste après avec la réalité du corps : une position naturelle, une autre lumière, pas de retouches… Nous pouvons donc voir que même les personnes que nous idéalisons pour leur apparence physique profitent en fait des magasines et autres, et sont finalement comme nous.Les influenceurs sont de plus en plus proche de leur communauté : ils sont presque nos semblables. La perfection devient donc plus accessible mais aussi plus tyrannique : les influenceurs vendent du mode de vie (validation sociale, narcissisme).Les adolescents sont aujourd’hui presque tous sur au moins un réseau social.Ce dernier arrive lors d’une étape cruciale chez ses utilisateurs.
En effet, les réseaux sociaux arrivent durant une phase de construction sociale et une construction identitaire.Cette dernière se commence vers 11 ans, lorsque l’enfant commence à s’ouvrir vers l’extérieur, comprend qu’il existe différentes cultures au sein des familles et différentes façons de penser.Les réseaux ouvrent donc un champ de découverte immense et infini.En permettant à chacun de s’exprimer et de partager son vécu, ils rapprochent les gens, dé-stigmatisent des situations, des particularités physiques qui ne sont peut être pas si rares quand elles sont partagées aux yeux de tous.Les réseaux sociaux permettent aussi de sensibiliser, de prévenir, de surpasser la censure et donc de prévenir le grand public de ce qu’il peut se passer dans certains pays.Ça a été le cas en Irak par exemple où ces réseaux sociaux ont joué un rôle important, voire central dans ces révoltes.Ils ont permis d’alerter, informer l’opinion, dénoncer des violences policières et de coordonner les actions et mettre des mots sur les revendications.De plus, des comptes d’information qui ne sont présents que sur les réseaux sociaux permettent aux populations d’autres pays d’agir de chez eux.Nous pouvons prendre l’exemple du Brut qui a envoyé des journalistes au cœur de conflits afin de nous montrer des images choc, qui font réagir et qui expliquent simplement la situation.C’est pourquoi les réseaux sociaux permettent aussi d’ouvrir l’actualité à un public plus large.
Le # permet de regrouper un grand nombre d’informations sur un même sujet ou même de faire un premier tri dans ce qu’on recherche.Ces dernières années, de nombreux hashtag ont fait le buzz. Un des premiers et les #balancetonporc.Le premier d’une longue liste : #balancetonbar, #balancetontontaouteur, et encore bien d’autres.Cela permet de regrouper un grand nombre de témoignages et donc de permettre aux victimes de se sentir moins seules, de savoir qu’elles pourront trouver soutien et conseil lorsqu’elles n’en trouve pas ailleurs.Parler de son vécu peut aussi faire partie d’un processus de guérison. En effet, poster son histoire en anonyme et donc avoir du soutien voire d’autres témoignages à déjà aidé plus d’un.e à aller de l’avant.Nous avons aussi pu voir l’impact des hashtag lorsqu’une personne partage son histoire car l’autorité ou l’entreprise concernée refuse de répondre ou de faire son travail.En effet, devant un engouement, ces institutions y voient un bas buzz et donc une mauvaise publicité pour eux.Afin d’éviter ça au maximum, ce partage les pousse à agir et régler le problème de la personne qui a posté.Les réseaux sociaux permettent également de changer la honte de côté.En normalisant certains faits, en partageant son vécu, les utilisateurs se rendent compte qu’ils n’ont pas à se sentir mal pour ce qu’ils sont ou encore pour leur vécu.Que ce soit un viol, un surpoids ou un handicap, le fait de voir que nous ne sommes pas seul.e.s permet de sentir appartenir à un groupe.
Nous pouvons voir aussi que dans de nombreux domaines du monde du travail, le harcèlement et les agressions font partie du quotidien et que les victimes en parlent peu, soit par honte ou alors par peur des représailles.Les réseaux sociaux ont permis à ces victimes de comprendre ou faire comprendre que ce n’est pas à elle d’avoir honte ou peur car elles n’y sont pour rien.La libération a toujours été, et reste encore malgré tout, freinée par la honte.Et peu à peu certains comprennent que cette honte n’est pas légitime et laisse donc la place pour avancer et aller mieux.Ces mouvements permettent donc de sauver par la parole.Nous pouvons prendre l’exemple d’un geste qui s’est démocratiser et qui permet de faire comprendre que nous sommes en danger.Ce geste (tendre la main puis fermer le poing sur le pouce) a permis à une jeune femme de signaler qu’elle avait été kidnapper.Le témoin a donc pu prévenir les forces de l’ordre et sauver la victime.Nous avons encore le masque 19.Lorsqu’une personne demande un masque 19 dans une pharmacie, cela signifie qu’elle est victime de violence conjugale.Cela permet donc à la personne en face de l’aider et parfois de sauver des vies.Ces gestes et indications ont été partagés sur les réseaux sociaux et ont touché un large public.
Suite à ce que nous avons pu voir ensemble, il semble clair qu'internet a des bons comme des mauvais côtés.Ces bons côtés permettent de grandes avancées mais il faut faire attention à leurs évolutions car elles peuvent devenir néfastes.Nous avons le parfait exemple avec la Chine qui, pareil à un épisode de la série Black miror, met l'approbation des autres au coeur de la société.Les uns et les autres se notent afin d'acquérir un certains statut social ains que des droits et des libertés.La fiction devient alors réalité et les réseaux sociaux prennent une place dangereuse.Ces formats courts que nous avons donc étudié ont aujourd'hui un rôle majeur dans l'acceptation de l'autre.
Une question se pose alors : le progrès va-t-il se transformer en cauchemar de série ou allons-nous nous fixer nous même des limites ?